La LGV, l’Etat sarkoziste et les financiers

 Cet été, le Conseil d'Etat a officialisé la décision de Réseau Ferré de France (RFF) de choisir la nébuleuse d'entreprises Eiffage comme partenaire pour la réalisation de la LGV Le Mans-Rennes. Si les communistes et leurs élu-e-s soutiennent et se sont mobilisés activement pour la réalisation de ce projet utile aux bretonnes et bretons, il n’en demeure pas moins que la dérive ultra-libérale de ces quatre dernières décennies et la constitution financièrement critique de RFF le contraigne pratiquement à faire appel à des fonds privés.

 

Le premier en date de ces verrouillages remonte à l'époque de Pompidou-Giscard. Par une série de glissements juridiques, liés à l'Union-Européenne mais, pour l'essentiel, résultant de la volonté de la droite, depuis, le monde financier s'engraisse sur les investissements publics. C’est dans ce cadre imposé que le projet de Ligne à Grande Vitesse Le Mans-Rennes va voir le jour. L’investissement est d’envergure : 3,3 Milliards d’euros partagé entre à 40% par Réseau Ferré de France, 30% l’Etat et 30% les collectivités territoriales. Incapable de financer directement sa part, RFF est contraint, avec la bénédiction de l'Etat sarkozien, de faire appel à un partenaire privé en lui déléguant de fait la maîtrise et la gestion de l'ouvrage pour plusieurs décennies.

 

L'Etat et RFF parent de toutes les vertus ce type de montage financier. Ne soyons pas dupe, nous sommes là dans une logique qui a pour but essentiel d'assurer aux groupements d'intérêts privés des profits financiers juteux. Pour réaliser l'ouvrage, Eiffage va recevoir de l'argent public, y ajoutera le complément réalisé par un montage financier auquel sont intéressés différents groupes bancaires. Le retour sur investissement pour ce partenaire privé se fera au prix fort imposé par les marchés financiers. La manne est si juteuse pour ces partenaires privés qu'ils se sont constitués en Club de promotion des PPP et qu'ils bénéficient de l'expertise de la Mission d'Appui aux PPP. Ainsi, les marchés financiers ont les Etats à leur botte, font des profits considérables sur les investissements publics et cela, parce que les Etats complices, dont le nôtre, refusent de les imposer pour s'assurer des ressources suffisantes, ainsi éviter l'endettement public et surtout limiter les frais bancaires qui en résultent.

 

Si la Gauche, toutes tendances confondues, l'emporte en 2012, elle ne pourra oeuvrer utilement dans l'intérêt de tous, qu'en engageant une véritable réforme de la fiscalité, imposant notamment les profits financiers, seul moyen équitable de financement des projets d’intérêt public.

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